Kan, la société de radiodiffusion publique d’Israël, vient de publier un clip tourné en 1995 par Itamar Ben Gvir, aujourd’hui candidat d’extrême-droite aux prochaines élections israéliennes et soutenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Pour la fête juive de Pourim , Ben Gvir s’était déguisé en Baruch Goldstein, le colon juif venu de Brooklyn et qui assassina 29 Palestiniens, hommes et garçons, qui priaient pendant le Ramadan. Le massacre de février 1994 à la Mosquée d’Abraham de Hébron avait provoqué un choc et suscité de la révulsion dans le monde entier. En représailles, le premier attentat-suicide commis par un Palestinien fut organisé 40 jours plus tard, dans la ville d’Afula.
Pour Ben Gvir, le massacre de Hébron fut un événement fantastique qu’on se doit de célébrer. « C’est mon héros », dit-il de Goldstein dans le clip où il arbore un slogan attaché à sa chemise : « Béni soit celui qui tire le premier ».
Un racisme violent, sans retenue
Ceci n’a rien d’un égarement de jeunesse. Pendant 25 ans après le massacre, Ben Gvir a conservé une photo de Goldstein au mur de son salon.
Aujourd’hui avocat, il défend régulièrement les colons accusés d’attaques violentes à l’encontre des Palestiniens.
Il est aussi président de Otzma Yehudit, un parti qui s’inspire de Meir Kahane, le défunt fondateur de la Ligue de Défense juive, violemment extrémiste, qui prônait l’épuration ethnique massive des Palestiniens.
En 2019, Ben Gvir réclamait qu’à chaque roquette tirée depuis Gaza, Israël réponde en tuant 30 « terroristes ».
En 2005, il s’opposa au retrait d’Israël des colonies dans la bande de Gaza et réclama leur rétablissement.
En février dernier, Ben Gvir a engagé une action en justice dans le but de disqualifier tous les candidats arabes lors des élections parlementaires de mars. Ceci alors que Ben Gvir diabolise les citoyens palestiniens d’Israël qu’il accuse d’aimer Hitler.
Soutenu par Netanyahou
Alors que Netanyahou bataille pour conserver la main-mise sur le pouvoir lors des élections israéliennes, les quatrièmes en deux ans, il s’est engagé dans un pacte électoral avec un groupe de petits partis de la droite dure, dont Otzma Yehudit.
Comme l’indique le Times of Israel, la plateforme validée par ces partis appuyés par Netanyahou revendique
d’encourager l’émigration des non-juifs d’Israël et d’expulser les Palestiniens et Israéliens arabes qui refusent de prêter allégeance à Israël et d’accepter un statut restreint dans un Etat juif agrandi dont la souveraineté couvrirait toute la Cisjordanie.
Ben Gvir exige un poste gouvernemental important en échange de son soutien à un nouveau gouvernement Netanyahou. Le Premier ministre indique qu’il ne donnera pas de ministère à Ben Gvir mais qu’il « fera partie de la coalition ».
L’adulation que porte Ben Gvir à Baruch Goldstein fait partie d’une tradition israélienne bien ancrée qui consiste à honorer les criminels de guerre et les tueurs de Palestiniens. Ce n’est pas la première fois que Netanyahou intègre des partisans de Kahane comme Ben Gvir. Il l’a fait en 2019, s’attirant un rejet rare bien qu’indirect de l’ AIPAC, le puissant lobby pro-Israël aux Etats-Unis.
Le Jerusalem Post, journal de droite, estime que l’alliance renouvelée de Netanyahou avec les kahanistes est « contre nature » et « mauvaise pour le pays, plus particulièrement pour la démocratie ». Selon le quotidien, « cette fois là, il n’y eut pas de condamnation des Etats-Unis ou d’autres pays ».
Des protestations fondées sur un mensonge
En fait, Une Majorité démocratique pour Israël, un groupe de pression anti-palestinien à l’intérieur du parti démocrate au pouvoir, a émis des objections. Mais elles sont fondées sur un mensonge.
« Les convictions racistes d’Otzma Yehudit sont en complète opposition avec les valeurs de l’Etat d’Israël et ne devraient pas avoir de place dans les institutions israéliennes », selon un communiqué publié en février.
Mais rien n’est plus éloigné de la vérité.
Israël a été créé sur l’épuration ethnique des Palestiniens et s’est maintenu en tant qu’« Etat juif » grâce à un violentsystème d’apartheid.
Tout ceci est étayé par des lois odieuses conçues pour maintenir les Palestiniens, y compris ceux qui sont citoyens d’Israël, dans une situation d’infériorité.
Ironie notable, Une majorité démocratique pour Israël (MDI), qui a soutenu (endorsed) Joe Biden, a récemment écrit aux membres du Congrès en citant avec complaisance le groupe de colons Regavim. Ce groupe d’extrême-droite cofondé par Bezalel Smotrich, un autre allié de Netanyahou, se présente sur la même liste qu’Itamar Ben Gvir.
Ceci confirme que les objections de MDI à l’approbation des kahanistes par Netanyahou ne sont basées sur aucune préoccupation réelle concernant le racisme. Le lobby semble plutôt contrarié que cette alliance complique le blanchiment du système d’apartheid israélien.
A vrai dire, la seule chose qu’apporte cette alliance de Netanyahou avec Itamar Ben Gvir, c’est de mettre un peu plus en lumière le racisme d’Israël. Pour cette raison, il faut s’en féliciter.
Traduction AFPS